Magnifique masque en or, il représente le visage d'un chamane, chef magicien, surmonté d'une couronne. Les yeux sont amovibles, incrustés de pierres vertes semi-précieuses, et recouvrent d'autres yeux représentés en relief. Ce double regard exprime le don de clairvoyance du chamane ainsi que la dualité entre la vie et la mort, le jour et la nuit, le monde des vivants et l'univers des esprits. Le nez puissant et busqué devait à l'origine être incrusté de pierres dans les narines. Le bas du visage est auréolé d'un fil torsadé maintenant des pendentifs en forme de gouttes. Le front est orné d'un bandeau en pointillé et à décor géométrique. La couronne laisse apparaître des animaux stylisés et un beau décor en pointillé soudé en relief. Or découpé, martelé, assemblé par la technique de la soudure à chaud et agrafé. La Tolita, Esmeralda. Equateur, 300 av. à 300 ap. JC 15 x 19 cm

Provenance: acquis par son actuel propriétaire lors de la vente Gaïa du 4 décembre 2007, lot 431 L'oeuvre était alors inédite et avait demeuré dans la même famille depuis sa collecte dans les années 1945-1949. Monsieur A., haut fonctionnaire d'Etat, était en poste en Amérique latine entre 1935 et 1949. En 1950, il est nommé à Paris et il y transport toute sa collection. Dans son testament enregistré en 1977, cet objet est présent à l'inventaire au n°71.

Bibliographie: cette oeuvre de taille et de poids importants peut être comparée au masque Tumaco reproduit en couverture et p.118 et 119 de l'ouvrage de Danièle Lavallée et Luis Guillermo Lumbreras, Les Andes de la Préhistoire aux Incas. Collection l'Unviers des formes, éd. NRF Gallimard, 1985 Cf. aussi: BERGSOE (Paul), The metallurgy and technology of gold and platinum among precolombian indians, in Ingeniorvidenskabelige Skrifter, A44, Kobenhavn, 1937, p.145 De nombreux objets en or furent découverts sur l'île de La Tolita. les hommes de cette île fabriquaient des objets d'une extrême complexité où se mêlent diverses techniques: laminage, martelage, fonte à la cire perdue, amalgame, soudure et filigrane. D'après Paul Bergsoe, ces oeuvres n'étaient pas réalisées par des artisans spécialisés mais faisaient l'objet d'une production quasi-familiale laquelle, après un long apprentissage, devait être à la portée de chacun. L'île de La Tolita constituait une place de l'artisanat de premier ordre, un centre cérémoniel des plus importants et une place commerciale dynamique. On a retrouvé des objets originaires de cette région jusqu'au Pérou. Cette oeuvre peut être classée parmi les deux exemplaires connus existants au monde.