AFRIQUE NOIRE. Ad. Dumesnil (1834-1865), marin et explorateur. 11 lettres à ses parents et son frère. Rade du Gabon, " rivière Como Neugue-Neugue " et Sierra-Leone, 1856-1858. 40 pp. in-8.Passionnante correspondance durant son voyage d'exploration au Gabon. " [] Dans quelques jours je fais une nouvelle expédition avec un canot et une baleinière. J'emporte 15 jours de vivres et le personnel montera à 18 hommes dont 3 blancs, le reste se composant de matelots, interprètes, cuisinier, noirs fournis par mon équipage. Mon intention est de faire un croquis de la rivière avec des sondes []. Tu penses bien que je ne partirai pas pour une telle expédition chez des peuplades guerrières et cannibales sans avoir toutes les armes nécessaires, le canot comme dans ma première expédition aura constamment des espingoles chargées à mitraille []. Je vais tacher de me procurer le plus possible de curiosités dans mon excursion ; on ne peut guère se procurer que des armes du pays, arbalètes avec flèches empoisonnées, haches de guerre, poignards, grossiers instruments de musique. Bien entendu, chez ces peuples à l'état primitif l'argent ne passe pas []. Je possède actuellement un animal fort curieux, c'est un chimpanzé ou homme des bois ; ce singe qui se trouve dans les forêts du Gabon où il atteint presque la dimension du Gina ressemble singulièrement à un homme avec son visage et ses mains dépourvues de poils, celui que j'ai a la taille d'un enfant de 6 ans et est déjà très fort, du reste ces animaux sont d'une grande douceur et faciles à apprivoiser []. Il existe ici un animal assez singulier que l'on n'a encore trouvé qu'au Gabon et il y a quelques années seulement, c'est un énorme singe que les Noirs nomment Gina. Ce singe tout différent de l'orang-outang atteint une taille de 6 pieds et est d'une force fabuleuse. Ce singe qui est tout noir avec le visage velu attaque l'homme et lui brise les membres sans la moindre difficulté ; piur le tuer les Noirs le laissent arriver à bout portant, il saisit alors le bout du canon du fusil pour le broyer entre ses dents, instant auquel ils le tuent [] ".