présentant une divinité shamanique à quatre faces anthropomorphes dirigées symboliquement vers chaque point cardinal. Leurs visages arborent de belles expressions intériorisées et sereines. Ils sont surmontés d’une coiffe à tête de champignon.Bois dur, ancienne patine brune, traces de projection rituelles d’argile, marques du tempsDistrict du Dolpo, Népal70 x 13,7 cmPublication : La statuaire primitive de l’Ouest du Nepal, Jean Luc Cortes & Jean Claude Brezillon, éd. Héritage Architectural, Paris, 2011, p. 306 et 177.Même si elles ne sont pas très nombreuses, on trouve des statues ayant deux, quatre faces ou davantage, et quatre, voire six bras. Ces formes sont influencées par l'hindouisme classique dans lequel ces attributs sont monnaie courante chez toutes sortes de déités, masculines ou féminines. C'est une façon d'habiller les formes divines locales d'un vernis plus civilisé. C'est également une manière de proclamer leur équivalence par rapport aux grandes déités du panthéon hindou classique.Dans la région du Dolpo, on rencontre beaucoup de piliers à quatre faces qui rappellent les lingam de même facture de l'hindouisme classique et évoquent immanquablement aussi les gardiens des quatre directions du bouddhisme.Or les populations du Dolpo sont des caravaniers d'altitude aux muscles solides et à la tête dure. Ils vivent retranchés dans leur pays du bout du monde, se méfiant de toute influence étrangère. La résistance est leur trait de caractère le plus profond. Leurs caravanes de yaks ont toujours constitué l'essentiel dumerce du sel entre les terres du Nord et les vallées du Sud. Cette zone extrêmement isolée est une enclave géographique du plateau tibétain dans le territoire du Népal. Elle n'est vraiment accessible qu'en été, c'est-à-dire quand le reste de la chaîne himalayenne, plus au sud, est paralysé par les pluies de mousson.