Ancien Bouddha en bronze du Laos, XIXème siècle
Dimensions : 22 x 11 cm
Origine : Laos
Datation : XIXème siècle
Matière : Bronze
Poids : 1122 g
Provenance : Ancienne collection privée

Le Bouddha est représenté assis dans la position virasana, sur un socle étagé. Il est en méditation, la main gauche posée dans son giron tandis que sa main droite touche le sol. L'épaule droite est découverte et laisse apparaître la poitrine. Le visage accueille de grands yeux mi-clos en amande, surmontés par des arcades sourcilières en relief. Un nez long et fin surmonte une petite bouche esquissant un demi-sourire. Les oreilles présentent des lobes distendus par le poids des ornements que le Bouddha, en tant que prince, avait l'habitude d'arborer. Le haut du crâne est surmonté d'une petite protubérance crânienne (usnisa) et d'un haut ornement appelé rasmi, symbole du rayonnement spirituel du Bienheureux typique de la statuaire du Laos. La scène représentée ici fait référence à un épisode fondamental de la vie de l'Éveillé: des forces démoniaques viennent de tenter de le renverser car leur roi, Mara, revendique sa place sous l'arbre de la bodhi. Alors que ces forces proclament la puissance de leur maître, Mara exige du Bouddha qu'il produise un témoin de son éveil spirituel. Le Bouddha se contente de toucher le sol de la main droite, et la Terre répond immédiatement « Je suis témoin ». Défaits, Mara et ses sbires disparaissent. L'étoile du matin apparaît dans le ciel. Cet instant d'illumination suprême est
l'expérience fondatrice de toute la tradition bouddhiste.



D'après les textes anciens, l'introduction du bouddhisme en pays Lao serait attribué au roi Fa Ngoum, le premier souverain de Lang Xang et à sa femme la princesse khmère Nang Kèo Lot Fa au XIVème siècle.
La tradition animiste, qui jusque-là était la norme au Laos, se trouva donc bouleversée par la "nouvelle religion". Toutefois, à l'instar de ces voisins khmers, siamois ou birmans, le bouddhisme lao a su intégrer
avec intelligence les anciennes croyances populaires à la doctrine de Siddhartha. La tradition artistique relative au bouddhisme se caractérise par une forte influence de l'art thaïlandais. Ainsi, les monastères à l'architecture en bois d'une extrême élégance rappellent ceux du Lan Na. Les stupas (that) possèdent parfois des couronnements originaux en dôme ou en bulbe. Les sculptures les plus anciennes de Luang Prabang, l'ex-capitale, subissent la forte influence des écoles de Sukhothai et de Chieng Sen. Après la prise de Vientiane, capitale depuis 1564, par Chao Phraya Chakri en 1827, les influences de Thonburi puis de Bangkok deviennent prépondérantes dans les différentes formes d'expression artistique du Laos.